Séance plénière dédiée à la motion de censure à l’encontre de la ministre de la femme et de la famille, Sihem Badi
Mardi 16 Avril 2013, une séance plénière a été tenue à 9h pour débattre de la mention de censure à l’encontre de la ministre de la femme et de la famille Sihem Badi. La séance avait commencé à 9h50 sous la présidence de Mahrzia Labidi en présence de 139 députés au début.
Avant de se soumettre à l’ordre du jour, les élus de Bizerte ont insisté pour intervenir conformément à l’article 89 du règlement intérieur, exceptionnellement au début de la séance suite aux récents incidents qui ont eu lieu dans la région.
Aicha Dhaouedi (Nahdha) et Mohamed Allouch (aucun groupe) ont condamné les actes de violence en insistant sur le fait que ça ne représente en aucun cas les habitants de Bizerte. A son tour, Mehdi Ben Gharbia (Bloc démocrate) a pris la parole pour dire que le Club Athlétique Bizertin défendra ses droits conformément à la loi et que la décision envers ce club est considérée comme une injustice. En somme, les élus de Bizerte ont continué d'intervenir pour appeler au calme et dire que les jeunes de Bizerte sont civilisés.
Ensuite, Mahzia Labidi met fin aux interventions en s’excusant auprès de la ministre du temps pris aux dépens de l'ordre du jour. Elle rappelle le texte du règlement intérieur concernant la procédure de la motion de censure. La séance se déroulerait dans l’ordre suivant : Lecture du rapport du bureau de l’ANC pour expliquer sur quelle base la motion a été acceptée. Ensuite, la parole sera donnée à Najla Bouriel, initiatrice de la motion, pendant 30 minutes, pour exposer ses arguments. Après cela, la parole sera donnée à la ministre pour répondre à ce qui a été dit et expliquer sa position pendant 30 minutes. Après l'intervention de la ministre, chaque bloc aura la parole pendant 5 minutes et 2 indépendants auront ensuite la parole. Finalement, la parole sera redonnée à la ministre pour réagir aux avis exposés par les élus et passer au vote concernant la motion.
Mais, les élus indépendants ont insisté pour défendre leur droit de prendre la parole car, selon eux, deux élus sur tout le groupe et avec un temps très limité ce n’est pas assez. C’est à ce moment là que l’élu Nacer Brahmi s’est mis à crier dans la salle en voulant obtenir la parole tandis que la présidence insistait pour passer à la lecture du rapport. En effet, Arbi Abid (deuxième vice président de l’ANC) s’est mis à lire le rapport tout de même alors que la salle était sous une tension énorme et refusant d’écouter ce qu’on leur lisait.
La salle s'est calmée finalement. En lisant le rapport, le bureau explique les faits et rappelle que Romdhane Doghmani a retiré sa signature sur la motion. C’est là que Iyed Dahmani demande un point d’ordre pour commenter le rapport, précisément le retrait de la signature, et condamner ici l’exercice d’une pression politique. La présidence lui répond que si le retrait d'une signature ne se fait pas normalement, ça sera pris en considération la prochaine fois. Fadhel Moussa intervient aussi pour dire que légalement il n'est pas possible de retirer sa signature après le dépôt au bureau d'ordre et Nacer Brahmi prend finalement la parole pour défendre l'idée que ceux qui ont signé la motion sont prioritaires pour prendre la parole.
La parole finalement prise par Najla Bouriel, elle s’indigne contre les différentes interventions. Elle rappelle que ce n'est pas un problème personnel entre elle et la ministre, mais qu’il s’agit ici des enfants de notre pays.
Il y a eu une indignation plus grande au sein des blocs majoritaires, bien avant, je ne suis pas la première, et j’aurais voulu donner la parole à quelqu'un d'autre des signataires.
Najla Bourial - Bloc Démocrates
Najla Bouriel lit ensuite un paragraphe du code de protection de l'enfant en disant que ça été utilisé par l'ancien régime, et que par conséquent, c’est un texte sans effets. Elle a aussi parlé de la nomination de 200 cadres au ministère en qualifiant cette mesure de tardive. Elle a par la suite dénoncé la réaction de la ministre suite à l'incident du viol de la fille de 3 ans.
Je considère votre ministère comme régalien car il est en charge de nos enfants.
Najla Bourial - Bloc Démocrates
Concernant les attaques contre les médias, Najla Bouriel dit, qu’au contraire, leur rôle est de lever le voile sur des incidents aussi graves. Elle termine en faisant allusion aux noms d’affiliations au sein du parti Nahdha et de mettre le point sur son désarroi.
Je ne suis ni mère d’aigle ni sœur d’aigle, ni mon père est un aigle. Je suis la mère de l’enfant de la rue, je suis la sœur de la femme rurale, et mes parents sont à la maison de retraite, et aucun droit revendiqué ne sera délaissé.
Najla Bourial - Bloc Démocrates
Ayant quitté la salle émue, Najla Bouriel revient pour écouter l’intervention de la ministre. Sihem Badi avait parlé des investigations au niveau du ministère et a dit que les élus auraient dû l'appeler pour en savoir plus. Elle a demandé à ce que son ministère soit représenté dans tous les gouvernorats car, selon elle, cela représente une solution d'effectivité sur place. Elle met le point sur le secret professionnel et la nécessité de protéger l’enfant victime de ce genre d’incidents en évitant de divulguer les détails des investigations. Elle a fait allusion à une approche politique de l’affaire qu’elle appelle à éviter.
Ensuite, la parole est donnée aux élus. C’est Amel Azzouz (Nahdha) qui commence en remerciant Najla Bouriel pour son intervention mais critique une politisation de l’affaire en insistant sur le fait que changer un ministre par un autre n’est pas la solution.
Ceux qui critiquent la ministre c’est parce qu’elle est une prorévolutionnaire et s’est opposée au mouvement des FEMEN.
Amel Azzouz - Bloc Nahdha
Le bloc démocrate avait choisi de répartir la parole sur trois élus.
Ainsi, Samira Merai avait commencé en revenant sur l’intervention de la ministre où elle disait aux élus qu’ils auraient dû la contacter pour en savoir plus. Samira Merai dit l’avoir fait en sa qualité d’assesseur chargée de la législation, des relations avec le gouvernement et la présidence de la République, et qu’elle n’a jamais eu de réponses.
Je suis attristée d’être ici aujourd’hui à vouloir retirer la confiance à la seule femme au sein de ce gouvernement.
Samira Merai - Bloc Démocrates
Iyed Dahmani enchaine en disant que s’il était au pouvoir aujourd’hui, il se serait retiré la confiance à lui-même après avoir écouté l’intervention de Sihem Badi, et c’est à Mohamed Hamdi finalement de prendre la parole au sein de ce bloc pour critiquer le rendement de la ministre.
Madame la ministre, vous n'aviez pas su gérer les crises, vous étiez même l'une des sources de crise.
Mohamed Ben Mabrouk Hamdi - Bloc Démocrates
La parole a été donnée par la suite au bloc CPR en la personne de Bechir Nefzi qui avait condamné les critiques envers la ministre.
Cette motion est une comédie et un acte politisé sans fondement. Une motion de censure est un bon exercice de démocratie mais il y a eu un exposé de fausses informations.
Bechir Nefzi - Bloc CPR
Au nom du bloc Ettakatol, c’est Mouldi Riahi qui a commencé en disant qu’il n’appelle pas au retrait de confiance mais que la ministre doit améliorer son rendement.
Ce que vous avez demandé à l'ANC, concernant la levée de l'immunité de Najla Bouriel, n'est pas acceptable.
Mouldi Riahi - Bloc Ettakatol
Ensuite, Lobna Jeribi du bloc Ettakatol est intervenue pour dire qu’il faut que le peuple ait de nouveau confiance en ses représentants et que la ministre n’a fait que contribuer à empirer les choses avec ses déclarations.
Au tour du bloc Wafa, c’est Rabii Abdi qui prend la parole pour blâmer ardemment la ministre.
Vous n'êtes même pas aptes à ce qu'on vous retire la confiance. Vous êtes sans programme, le gouvernement précédent était en hibernation, vous, vous êtes en état de mort. Vous êtes là juste pour gérer avant les élections, donc gérez, en espérant que lors des élections le peuple saura choisir ses représentants dignes de sa confiance.
Rabiî Abdi - Aucun bloc
Entre temps, Salah Chouaieb (aucun groupe) s’emporte contre Arbi Abid en disant que la présidente de l’ANC se permet d’élever la voix contre des hommes, contrairement aux valeurs de l’islam qu’elle est sensée respecter. Son intervention a été contestée avant de donner la parole à Hichem Hosni (aucun groupe) qui évoque la fois où la ministre avait fait une déclaration en disant « Buvez l’eau de la mer » et critique son positionnement ainsi que son rendement. Les interventions des élus indépendants continuent. C’est au tour de Amira Marzouk (aucun groupe) d’intervenir pour critiquer aussi la ministre et confirmer qu’elle votera en faveur de la motion. Quant à Mourad Amdouni, il fustige la ministre avec vivacité en lui disant que son rôle est un rôle de terrain, pas derrière un bureau.
L'histoire retiendra que vous êtes la première ministre à qui on adresse une motion de censure. On vous sent à l'aise à cet exercice, non pas pour vos compétences, mais parce que vous ne serez pas inquiétée. Vous dites que vous êtes prête à assister plus, qu'on vous pose des questions. Vous savez que vous resterez à votre poste.
Mourad Amdouni - Aucun bloc
Mohamed Taher Ilahi intervient aussi pour dire que Sihem Badi n’est pas la seule ministre qui a failli à sa tâche au sein de ce gouvernement et qu’il y a eu pire.
Nous n'allons pas retirer notre confiance cette fois. Nous vous accordons une seconde chance et on verra par la suite.
Mohamed Tahar Ilahi - Liberté et Dignité
Finalement, la parole a été redonnée à la ministre pour 5 minutes, et ce pour réponde aux critiques des élus. Elle avait parlé du budget restreint du ministère et a insisté sur le fait que les gens qui y travaillent ne sont pas tous mauvais.
Le vote a eu lieu finalement avec comme résultats 70 voix pour, 14 abstentions et 90 contre. La motion de censure n’est pas passée et la séance a été levée à 13h45.