Commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption: Audition du PDG de la Compagnie des Phosphates de Gafsa

Mercredi 27 novembre 2013

La Commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption s’est réunie dans la matinée du mercredi 27 novembre afin d’auditionner le PDG de la compagnie des Phosphates de Gafsa, Nejib M’rabet. Nejib M’rad, rapporteur de la commission, a présidé la réunion d'audition. Les problématiques qui ont été abordées ont été celles des problèmes financiers de la CPG, les dossiers de corruption ainsi que les plans de développement.

Nejib M’rabet, PDG de la CPG, a pris la parole pour présenter l'entreprise, il a expliqué que la moyenne de production de la CPG entre 2000 et 2010 était de 8 millions de tonnes par an, et que depuis 1985, la CPG a entamé la fermeture des mines profondes et leur remplacement par des mines à ciel ouvert. Nejib M’rabet a soulevé que depuis de la révolution, la production de la CPG a sensiblement baissé à cause des mouvements sociaux, aussi, ont été recrutés plus de 2500 agents d'exécution par la CPG depuis la révolution, sur un objectif de plus de 2900 recrutements, avec aussi 1346 départs à la retraite enregistrés par la CPG depuis 2010, et que la masse salariale de la CPG en 2013 s’élevait à  195 millions de dinars, et qu’il y a eu un manque à gagner en 2011 et 2012 de 1105 millions de dinars.

Par rapport au transport du phosphate par voie ferroviaire, le PDG de la CPG a déclaré que ce n’était pas prévu avant 2015, et que pour l'instant, le transport se fait par camions. Par rapport aux objectifs de production en 2013, le PDG a déclaré qu’il était de 4 millions de tonnes de phosphate, soit la moitié de la capacité de production, il a aussi annoncé l’entrée en production d'une nouvelle mine à Meknassi prévue pour 2014, ainsi qu’une nouvelle mine à Nefta en 2018, dont la capacité de production a été estimée à 2,5 millions de tonnes par an.

Le PDG a aussi donné des éclaircissements par rapport à l’évolution du coût de production de la tonne de phosphate vendue, elle était de 85 dinars en 2010, avant d’atteindre les 124 dinars en 2012 et 130 dinars en 2012. Il a aussi expliqué que la CPG puisait dans ses réserves de phosphate pour la vente afin de réduire ses pertes. Pour ce qui est de 2014, le PDG a donné la prévision des ventes, soit 5,5 millions de tonnes ajoutées à 2,5 millions de tonnes en réserves, soit un total de 8 millions de tonnes à vendre .Il est aussi revenu sur la production en 2013, en expliquant que  la CPG n'avait pas dépassé 35% de sa capacité de production. Moez Haddad directeur central et conseiller à la CPG a expliqué qu'en termes de prise de décisions, la décision se prenait de façon collégiale avec le comité directeur.

La parole a été donnée par la suite aux élus afin poser leurs questions, Nejib M'rad a posé une question de la production de la CPG, il a aussi demandé s’il était vrai que les nominations se faisaient sur la base de partage tribal. Nejib M’rad a par ailleurs demandé à savoir s’il était vrai que certains employés n’étaient pas affectés selon leurs compétences.

Tahar Ilahi quant à lui a proposé la création de pôles de développement qui bénéficieraient à la région  et à la CPG, il a évoqué le cahier de charge de l'exploitation de la mine de phosphate de Meknassi et a déclaré que ce qui se disait était que ce cahier de charges privilégiait la région de Gafsa aux dépends d'autres régions.

Sana Mersni de son côté a posé la question de l'apport de la formation des employés de la CPG sur le rendement, elle a déclaré qu'il y avait une problématique de discipline des employés, et que ça influait sur la production, elle a par ailleurs demandé à connaître ses détails dans leur relation avec le rendement de la CPG.

De son côté, Taher Tlili a posé la question de la gestion du nombre d'employés de la CPG suite au nombre grandissant d'embauche suite à la révolution, il a évoqué la situation financière de la CPG, et a considéré que sa situation ne pouvait être considérée comme bonne si l'Etat n'en engrangeait pas des bénéfices. Par rapport au transport terrestre du phosphate, Tahar Tlili a considéré que c’était une mauvaise politique, il a aussi évoqué la question de la grève des transporteurs, et son incidence sur la production.

Kamel Ben Romdhane a considéré que l'embauche abusive à la CPG pesait sur l'Etat et que la CPG n'avait pas de plan stratégique clair pour les années futures, il a aussi posé la question de la perte de marchés suite à l'interruption de la production de la CPG.

Mokhtar Lamouchi s'est interrogé si la CPG était désormais juste destinée à subvenir aux besoins financiers de ses employés seulement, il s’est aussi interrogé sur la question de la fermeture des mines de Kalaa Khasba et a rapporté les critiques adressées par les employés de Kalaa Khasba à la CPG. Il a aussi évoqué la marginalisation de cette région quant à la réinsertion au niveau de l'emploi, ainsi que la question du recyclage des déchets. Toujours à propos de Kalaa Khasba, il a demandé à la CPG de leur fournir les cartes des circuits souterrains, il a déclaré que la CPG refusait de communiquer ces cartes, ce qui empêchait la région d'investir dans des zones industrielles et a évoqué la question du contrôle de la CPG, des ressources de la région du Kef, en considérant que c’était de la surexploitation, et que par la suite la région se trouvait marginalisée, sans retour sur l'exploitation. Mokhtar Lamouchi a demandé aux représentants de la CPG de laisser le Kef gérer ses ressources toute seule.

Halima Guenni a demandé ce qu'avait donné la CPG à la région en terme de traitement de la pollution et a posé la question de savoir quelles seraient les moyens de sécuriser le travail de la CPG, elle a aussi demandé à connaître les salaires des employés et cadres de la CPG. Elle s’est aussi interrogée sur la localisation du siège social de la CPG à Tunis et pourquoi il ne serait pas à Gafsa. Halima Guenni s’est aussi interrogée sur la stratégie future de la CPG, et aussi sur la réalité des dossiers de corruptions.

De son côté, Hedi Ben Braham a posé la question de la diversification des activités économiques et industrielles dans la région, et a proposé à la CPG d’œuvrer pour favoriser les petits projets dans la région, et d'encourager la diversification, il a proposé par ailleurs de créer des associations de "awqaf" pour faire évoluer l'économie et l'industrie dans la région. En termes de solution, Hedi Ben Braham a proposé la désalinisation des eaux des forages et de son traitement pour une utilisation future. Il s’est aussi interrogé sur les dossiers de corruptions et sur le coût réel des grèves de la CPG.

Slimen Helal quant à lui a posé la question de la corruption dans la CPG, il a aussi considéré que la CPG était redevable à la région, vu l'incidence écologique qu'elle avait sur elle.

Zohra Smida a posé la question du pourvoi des postes importants et encore vacants à la CPG, elle a évoqué le nom d'une personne pressentie pour le poste de DGA, alors qu'elle était en procès en ce moment, elle a rapporté au PDG de la CPG que les citoyens étaient mécontents de ce nom proposé et défendu par le PDG, et lui a demandé de commencer l’examen des dossiers de corruption. Par ailleurs, Zohra Smida a demandé au PDG pourquoi lorsqu'il était DGA après la révolution, il n’œuvrait pas pour la levée des grèves.

La parole a par la suite été donnée au PDG de la CPG pour répondre aux questions des élus, il a évoqué les gisements de Sra Ouertane dans la régions du Kef et a expliqué que le rendement poids de la mine était de 25%, ce à quoi Mokhtar Lamouchi a répondu qu'au Kef, ils avaient déjà ces informations sur la mine de Sra Ouertane, et que le blocage à l'utilisation était dû au Lobbying, Mokhtar Lamouchi est aussi revenu sur la marginalisation du Kef par la CPG, et que la région en avait souffert. Le PDG est revenu sur la question de la mine de Sra Ouertane, et a expliqué que la situation était un peu délicate.

Par rapport à la question des recrutements, Le PDG a expliqué que c'était devenu une demande régionale, et une pression, il a aussi évoqué un accord avec le FMI pour la limite de production, et a répondu sur la question des plans souterrains de Kalaa Khasba en expliquant que la réponse à la requête était en cours de réalisation et que la spécificité de la CPG, c'était l'existence de l'archivage. Toujours sur Kalaa Khasba, le PDG a expliqué qu’il y avait la possibilité de financer des projets via le fonds de financement des centres miniers du Kef, et qu’au lieu de recruter 70 personnes, il a été décidé d'investir dans des projets dans la région de Kalaa Khasba.

Par rapport à la mine de Meknassi, le PDG a expliqué que le matériel a été acquis, et que les employés seront recrutés conformément aux profils demandés.

Le PDG, par rapport aux pôles de développement dans la région, a expliqué que la CPG encourageait ces pôles, et les projets, mais que c’était une question de mentalité de vouloir travailler à la CPG, que certaines personnes acceptaient de rester au chômage des dizaines d’années, pour par la suite intégrer la CPG.

Le PDG a aussi expliqué que le manque de production revenait aux grèves extérieures qui empêchaient la CPG de travailler.

Par la suite, le président de la commission a levé la réunion, dans l'optique de la réalisation d'une prochaine réunion avec le PDG de la CPG.